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L’organisateur d’une manifestation appelant au départ de l’ambassade britannique allègue des actes de torture

ALGER – Mohamed Chemseddine R., un habitant d’Alger qui a tenté d’organiser un sit-in devant l’ambassade britannique le lundi 29 mars, pour dénoncer le « rôle négatif de la Grande-Bretagne en Algérie » et « l’attribution de contrats juteux dans des conditions opaques aux multinationales britanniques », aurait été détenu et battu par des officiers de la sécurité militaire à la base des services secrets, Antar.

Tôt le matin du lundi 29 mars, Mohamed R. et une dizaine de sympathisants ont tenté de remonter du centre-ville d’Alger en direction de l’ambassade britannique avant d’être interceptés par un fourgon Mercedes aux vitres teintées suivi d’un véhicule de type classe G arborant un plaque d’immatriculation diplomatique. Six officiers des services secrets algériens et un « homme blanc » non identifié qui serait un diplomate britannique, ont débarqué des véhicules pour affronter les militants, selon des témoins oculaires.

« Ils n’arrêtaient pas de nous insulter et on aurait dit que l’homme blanc en costume donnait les ordres », a déclaré Mohamed. Ajoutant que « ils ont ensuite saisi tous nos téléphones portables et nous ont demandé de partir ». « Quand j’ai refusé d’obéir et demandé à récupérer mon téléphone, l’homme blanc m’a dit dans un français cassé que j’étais un sale musulman, que des gens comme moi se classent en dessous des animaux dans son pays (…) j’étais sous le choc total ».

Le sit-in a été organisée via un serveur de la plate-forme Discord selon Mohamed. Des dizaines d’autres manifestants étaient censés se joindre au sit-in au cours de la journée, jusqu’à ce qu’ils soient informés que le rassemblement avait été annulé compte tenu du risque d’arrestations arbitraires.

Le calvaire de Mohamed ne s’est pas arrêté là. « Ils m’ont mis dans la camionnette et j’ai été emmené à Antar, là-bas, ils m’ont demandé qui me financait, quand je leur ai dit que je me financais moi-même, ils ont commencé à me battre. Ils crachaient sur moi et un policier a commencé à uriner sur moi (…) Je ne me suis jamais senti aussi humilié de ma vie », ajoutant qu’un policier avait alors menacé de « le faire disparaître » s’il tentait une deuxième fois d’organiser un sit-in devant l’ambassade britannique.

Interrogé sur son intention de reporter la manifestation, Mohamed R., défiant, a déclaré: « il est de notre devoir en tant que patriotes algériens de défendre notre terre contre les charognards qui volent notre pays pour enrichir leur propre pays, avec la complicité de nos dirigeants illégitimes (…) J’appelle tous les Algériens à coordonner des actions sur le terrain pour que le séjour des ressortissants britanniques dans notre pays devienne une misère. Je suis convaincu que nous réussirons si nous nous unissons ».

Interrogé, un responsable de l’ambassade britannique à Alger n’a pas nié les allégations. L’enquête se poursuit.